Le commentaire que l’on peut faire du discours d’Emmanuel Macron sur l’écologie est ancien. D’un point de vue surplombant, à l’évidence notre président n’entend pas envisager qu’il faille changer les grands paramètres de la conduite du monde et de la vie des citoyens. 

Le discours d’Emmanuel Macron laisse avant tout paraître une lecture entrepreneuriale de la situation écologique en France. Tel un investisseur, son action est motivée par l’observation d’opportunités économiques. Il ne fait ainsi qu’accompagner un mouvement déjà enclenché dans l’industrie sous la pression des consommateurs, des assureurs ou encore des cours des matières premières. 

En prônant une écologie « compétitive » et créatrice de « valeur économique », le président réduit cependant l’écologie à un paramètre de la planification économique. Derrière des discours annonçant des budgets massifs et des objectifs clés, on ne compte en effet que des solutions technologiques au service de la croissance. Emmanuel Macron semble donc encore loin d’engager les changements paradigmatiques et structurels pourtant nécessaires au traitement des crises environnementales à la racine. 

La version « française » de l’écologie proposée par le président, est avant tout une version vidée d’une grande part des sujets clés en matière environnementale. Certains enjeux, comme la protection des océans ou la gestion des déchets, ne sont même pas mentionnés tandis que ceux qui ont le privilège de l’être, comme l’agriculture et la biodiversité, ne font l’objet d’aucune annonce d’action concrète. 

Pire encore, le président a profité de son allocution pour répandre des contre-vérités. Il affirme notamment que nous avons « fait la moitié du chemin depuis les années 1990 » en matière de réduction des émissions de carbone, alors qu’en tenant compte des émissions importées (scope 3), le bilan carbone de la France est encore bien loin des objectifs climatiques. Une annonce infondée donc, de nature à démobiliser, au motif de vanter l’action de l’exécutif, ou d’éviter les révoltes ou la désespérance.

Le discours du président reflète finalement la stratégie du gouvernement en matière d’écologie qui focalise l’attention politique sur la responsabilité individuelle aux dépens des leviers systémiques sur lesquels il a la main. En refusant une fois encore d’actionner ces leviers, le gouvernement ne se montre pas à la hauteur du pouvoir et des responsabilités qui lui ont été confiés. Il manque ainsi à son devoir, et ce, malgré la double condamnation de l’État pour inaction climatique en 2020 et 2021. 

Nous autres, entrepreneurs de l’économie verte, savons prendre en compte le réel et sa complexité. Nous savons aussi que les questions environnementales sont essentielles à la survie de nos modèles économiques. Ce n’est donc pas par « extrémisme » que nous faisons ces critiques, mais par réalisme d’individus qui, en entreprise, vivent pour le long terme – et non pour un mandat électoral – et pensent qu’il importe de compter ce qui compte.


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