Victor Ferreira– Que signifie pour vous « entreprendre vert » ?

Nous assistons aujourd’hui à une évolution majeure dans notre société : jamais la question du sens n’a été posée avec autant de force. Sens de notre mode de production, de notre mode de consommation, de notre mode de vie. Et par conséquent, de plus en plus de personnes cherchent  à mettre en cohérence, leur valeur, leur conviction avec leurs actes. C’est sur cette base que s’est développée la consommation responsable ces 15 dernières années. De la même façon aujourd’hui, de nombreux entrepreneurs veulent entreprendre tout en mettant du sens à leur démarche : entreprendre oui… mais pour contribuer à une société plus responsable, plus respectueuse de la planète et de ses habitants. C’est cette démarche que l’on peut appeler « entreprendre vert », qui, de mon point de vue est plus large que celle de participer simplement à du « business vert ».

 – Comment concrétisez-vous vos démarches en ce moment ?

J’ai lancé, il y a 18 mois, Newmanity.com, le réseau social citoyen, dont l’ambition est d’être un outil destiné à toutes celles et ceux qui veulent agir à leur niveau. Je pense que le monde est en train de changer en profondeur, même si on ne le voit pas : nombreux sont ceux qui veulent contribuer à un monde différent, non pas, comme nos parents, à travers des démarches militantes et très engagées, mais par l’action quotidienne. De multiples possibilités existent : des événements, des conférences, des stages de formation, des pétitions, des actions proposées par des associations, des actions citoyennes dans sa ville, des démarches d’entraide locale… Encore faut-il connaitre ces propositions. C’est l’objet du réseau social Newmanity. Par ailleurs, la dimension locale est aujourd’hui fondamentale. Newmanity a comme ambition également de faciliter la rencontre et les liens sociaux, à travers les actions accessibles à chacun. chacun peut agir… et chacun peut proposer une action.

– Quel est votre rêve ?

Je pense que le changement se construit aujourd’hui à partir des gens et non des institutions. Grâce à Internet nous passons d’une logique hiérarchique et verticale à des logiques plus floues, plus souples plus horizontales. Des initiatives  notamment économiques se multiplient : on découvre l’économie collaborative, circulaire,  sociale et solidaire, les monnaies complémentaires etc.  Ceci constitue les prémices d’un changement profond.

Ceci étant, il ne faut pas se leurrer. Les institutions continuent à avoir le pouvoir. En particulier les institutions politiques et économiques. C’est pourquoi, il me semble urgent que les citoyens se réapproprient l’espace politique qu’ils ont souvent délaissé..

Enfin, je ne crois pas que l’on puisse changer la société sans aller à la racine : il nous faut poser la question du changement personnel, de l’épanouissement des individus. Le fonctionnement de notre société n’est que le reflet des valeurs individuelles… et des souffrances individuelles.

Il nous faut remettre l’humain au centre de notre société, cela implique de nous remettre en cause au plan individuel : qu’est-ce que qui est vraiment important pour moi ? Comment saurais-je que j’ai « réussi ma vie » ? En quoi mon propre fonctionnement contribue-t-il à une société meilleure autour de moi ? Avec ce regard, nous allons inévitablement vers la remise en cause profonde de pans entiers de notre société. Par exemple l’école : ne devrait-elle pas avoir comme mission première de favoriser l’épanouissement des enfants ? Le travail : et si la véritable valeur, c’était le « temps libre », le temps que nous avons disponible pour vivre, tout simplement  ? Et si la société se restructurait autour de notre besoin profond : celui de prendre du temps… pour ne rien faire !

Propos recueillis par Emilie Barrier (champdoiseaux.fr)


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