– Que signifie pour vous « entreprendre vert » ?
« Entreprendre vert » pour moi, c’est monter un projet avec une vision originale, avec un brin de créativité et d’humour, probablement à petite échelle pour commencer, avec un impact positif sur des sujets liés à l’environnement et à notre société au sens large. Ce n’est pas nécessairement « faire des affaires » ou du « business » dans un premier temps, même si à terme il le faut pour que les projets se développent et soient crédibles. Mon projet Les Plu’belles n’est pas encore, à ce stade, une « entreprise » dans ce sens-là.
Les Plu’Belles est une exposition ludique et colorée d’une vingtaine de photos de poubelles, accompagnée par un site web bilingue en mode carnet de voyage. Elle incarne le fruit d’un voyage récent que j’ai entrepris dans une quinzaine de pays en Asie et en Transsibérien. Je cherchais un thème pour mes photos, autre que des « selfies » en continu, et j’ai été interpellée par l’incroyable variété des poubelles que je voyais, certains de vrais objets d’art en devenir ! Entre celles en forme de pingouin au Vietnam, de soldat à Ekaterinburg, de marmite en pneus recyclés au Cambodge et de coffre à Hong Kong, je demeure fascinée par la variété et la créativité autour de cet objet universel qui contient … tout ce que l’on rejette. Un vrai paradoxe ! Si l’humain peut être à ce point créatif pour un contenant de déchets, ne peut-on l’être également, tous ensemble, pour la façon dont on les gère ? Bien sûr !
En terme de vision, pour moi, l’art, l’humour et le décalé sont clés pour faire passer des messages, au delà des barrières de la culture et de la langue, sur les réalités sociétales et environnementales de notre temps : les gens en ont assez de chiffres alarmistes, de scénarios catastrophe et de directives. Il faudrait aussi penser à toucher leur imagination si on veut changer les choses. Je pense au photographe américain Chris Jordan qui prend ces photos grand format sur le gaspillage et qui, dans notre culture « facebook » où l’image joue un rôle fondamental, sait bien impacter notre imaginaire. Bien sûr, il faut par la suite que cet impact se traduise en action.
– Comment concrétisez-vous vos démarches en ce moment ?
L’exposition, labélisée par l’Adème dans le cadre de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets 2014, sera montrée dans les divers locaux de la DILA (la Direction de l’Information Légale et Administrative, l’imprimeur de l’Etat), à Paris et à Metz, accompagnant des actions de sensibilisation aux déchets produits par l’activité industrielle d’imprimeur.
Elle a également figuré au salon Produrable et en galerie à Paris cette année et aura été vue par plus de 1500 personnes (hors site web) dans des cadres très divers d’ici fin 2014. Elle sera montrée en 2015 dans les locaux du Département de la Propreté de la Ville de Paris, lieu où sont formés les éboueurs et ramasseurs de déchets de la Ville, un lieu où j’avais très envie justement qu’elle soit montrée pour valoriser un métier difficile et souvent mal vu.
– Quel est votre rêve ? Comment votre projet va t il ré-enchanter le monde ?
D’une part, mon rêve est que mon exposition devienne encore davantage un outil pédagogique ludique, motivant et incitant à l’action autour du recyclage et de la réduction de déchets, avec des partenaires appropriés, en France et ailleurs, qui peuvent toucher les bons publics avec leurs messages d’action concrète. Je démarche actuellement des universités avec une focalise sur le thème des déchets, comme les universités de Northampton au Royaume-Uni et du Mans en France, ce dernier un pionnier en matière de rudologie (gestion des déchets), ainsi que des entreprises ou organismes pertinents, des cafés bio…
D’autre part, je suis en train de transformer les textes que j’ai rédigés en un livre à tournure littéraire ; certains textes ont déjà été publiés sous forme de Monologues en septembre, en anglais. Et, last but not least, mon souhait de couvrir mes frais voire de faire des bénéfices pour pouvoir développer le projet est en bonne voie, avec des ventes de tirages, et bientôt de produits reliés (carte postales).
Pour plus d’informations : plubelles@gmail.com / http://www.plubelles.com
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